RECHERCHES SUR MORE.                           27
faits de nature à faire supposer que d'autres circonstances contribuèrent à développer chez Molière ce goût naissant. La boutique et le logement de Jean Poquelin étaient au coin de la rue Saint-Honoré et de la rue des Vieilles-Étuves ; non loin de là, et près de la méme paroisse de Saint-Eustache, se trouvait rue Mauconseil, à l'endroit occupé aujourd'hui par ^-la halle aux cuirs, l'hôtel de Bourgogne construit en 1548 par l'ancienne confrérie de la Passion, sur un terrain provenant de la démolition des anciens hôtels d'Artois, de Bourgogne et de Flandre, ordonnée quelques années avant par Prançois I,r. Immédiatement après la construction de cette salle de spec- c tade, le parlement avait interdit aux membres de la con­frérie de continuer à jouer des mystères sacrés et, en ne leur permettant de représenter que des « jeux profanes, hon­nêtes et licites, » il leur avait accorun privilège exclusif, dé- \ fendant à tous autres comédiens de jouer ou représenter tant I à Paris que dans les faubourgs et banlieue de cette ville, J « sinon au profit de ladite confrérie et sous le nom d'icelle. » I Après avoir continué pendant les années suivantes à repré- ' senter des pièces profanes, les confrères de la Passion avaient renoncé à jouer eux-mêmes et étaient devenus peu à peu de ritables entrepreneurs exploitant leur privilège et la pro­priété de leur salle. Ils avaient commencé par engager des acteurs à leur compte1, puis ils avaient loué successivement à des comédiens français et étrangers. A l'époque de la jeu­nesse de Molière les membres de cette confrérie apparte­naient à la bourgeoisie de Paris et, en 1639 leur doyen ou président était un collègue de Jean Poquelin, Pierre Dubout, . tapissier ordinaire du Roi8. En louant leur salle les confrères de la Passion se servaient une loge et Ie « lieu étant au- J dessus de ladite loge appele paradis » qui devait demeurer I
1.  Document na VI, à la date du 22 juillet 1578.
2.  Vingt-trois ans plus tard parmi les témoins de Geneviève Béjard lors de son premier mariage, on trouve une Marguerite Batelet, femme de Pierre Dubout, bourgeois de Paris. (Document n* XXXIII.)Cette circonstance est à noter dès à présent. On prononçait et on écrivait Dubourg, au lieu de Dubout.